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samedi 3 septembre 2011

L'UMP s'en prend à l'indemnisation des cadres et suscite l'indignation


afp.com/Bertrand Guay
L'UMP a remis en cause cette semaine les allocations chômage des cadres, pourtant gros contributeurs des caisses de l'assurance chômage, s'attirant les foudres des syndicats, du patronat et de la gauche.
Les partenaires sociaux en particulier, seuls responsables du régime de l'assurance chômage, ont peu apprécié l'assaut du ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, en charge du projet présidentiel de l'UMP pour 2012, contre le dispositif d'indemnisation.
"Pouvons-nous garder un dispositif d'indemnisation du chômage parmi les plus généreux au monde, en particulier pour les cadres à hauts salaires'", s'est interrogé M. Le Maire.
Déjà en janvier le président de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale l'UMP, Pierre Méhaignerie, avait regretté que la France fût "le seul pays à offrir 23 mois" d'indemnités (ndlr 24 mois depuis mai) "sans dégressivité", allant dans certains cas jusqu'à "5.800 euros".
"L'indemnisation des cadres, c'est un non-sujet, une non-source d'économies et c'est démago", a réagi pour l'AFP Laurent Berger, secrétaire national de la CFDT.
"On parle de moins de 0,5% des indemnisés, et ces gens-là contribuent aux finances de l'Unedic. Si on les fait sortir de la solidarité nationale, en modifiant le système d'assurance en fonction des contributions, ils n'auront plus aucune raison de rester", souligne-t-il.
Sur plus de 2 millions de personnes indemnisées par l'assurance chômage, quelque "1.000 ou 1.500" touchent le plus haut montant possible d'indemnisation, 6.624 euros bruts par mois, selon l'Unedic.
La moyenne versée aux cadres au titre du chômage était en fait, fin 2010, de 2.631 euros bruts par mois.
Or, comme le souligne Marie-Françoise Leflon, de la CFE-CGC, les cadres sont davantage contributeurs à l'assurance chômage que consommateurs d'indemnités: "les cadres cotisent à concurrence de 30% à l'assurance chômage et ils n'en sont utilisateurs qu'à concurrence de 18%".
Aussi la présidente du Medef Laurence Parisot a-t-elle souligné vendredi sur Canal+ que "tout le monde serait perdant" si l'on baissait les allocations chômage des cadres, car par souci de justice, "il faudrait aussi symétriquement baisser leurs cotisations"...
Le taux de cotisation des cadres est celui de tout salarié: 2,4% du salaire brut auquel s'ajoutent 4% des employeurs.
Pour sa part, le numéro un de la CGT, Bernard Thibault, a fustigé sur France Info une "majorité qui s'efforce par tous les biais de créer des clivages entre salariés: entre jeunes et anciens, entre cadres et ouvriers..."
A huit mois de la présidentielle, le PS est également monté au créneau, démentant dans un communiqué que la France ait un dispositif "parmi les plus généreux au monde" et citant en exemple en Europe "les pays nordiques et l'Allemagne (qui) indemnisent souvent mieux le chômage que la France".
"Il y a des pays qui ont des systèmes d'indemnisation à 80%", contre 57,4% pour les revenus les plus élevés en France, insiste Mme Leflon.
"Leur système est généreux mais leur service de l'emploi est plus compétitif", souligne-t-elle. "Et une autre approche consisterait à savoir comment créer de l'emploi ! Qui dit emplois dit davantage de cotisations et moins d'indemnisations..."
Les syndicats s'offusquent par ailleurs que Bruno Le Maire s'attaque à un système assurantiel, "qui est de la responsabilité partenaires sociaux". "Cela me choque profondément", a lancé Marie-Françoise Leflon.
"Nous avons décidé de travailler dans les deux ans sur le système d'assurance, le niveau des cotisations, celui des contributions, les droits rechargeables. Qu'ils nous laissent travailler!", a renchéri Laurent Berger.

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