Le 20 mai 2011 par Remy Maucourt (http://www.usinenouvelle.com/)
Les deux groupes de défense vont échanger certaines activités stratégiques. En interne, d'aucuns considèrent que l'impact de ces mouvements sera négatif pour la compétitivité. C'est notamment le point de vue de Gérard Mardiné, représentant CFE-CGC chez Safran.
Le rapprochement Safran/Thales, en cours de négociation, ne fait pas que des heureux. Gérard Mardiné, coordinateur CFE-CGC chez Safran, considère que ces échanges d'actifs suivent "un schéma industriel absurde et forcément destructeur". Les discussions entre les deux groupes sont déjà très avancées, après des années d'hésitations.
Le périmètre des échanges est défini. Charles Edelstenne, PDG de Dassault Aviation (premier actionnaire privé de Thales), l'a confirmé : "Thales récupère l'optronique et Safran récupère la navigation inertielle".
Mais pour Gérard Mardiné, cet échange est industriellement néfaste. "Séparer l'optronique et la navigation inertielle est destructeur d'avantages compétitifs." Ces deux activités sont très imbriquées. Les équipements optroniques les plus récents intègrent de nombreux éléments issus de la navigation inertielle. Par exemple, les fonctions d'orientation et de localisation du système Félin combinent les deux types de compétences.
Doublement perdant
La division optronique de Safran est en pleine croissance, 20% l'année dernière selon Gérard Mardiné. Le syndicaliste considère que cette bonne santé est due au savoir faire du groupe dans le domaine de la navigation, qui apporterait des éléments qualitatifs supérieurs à ceux de la concurrence. Créer un pôle optronique déconnecté des compétences de navigation serait donc néfaste pour la qualité des produits.
La filière de navigation inertielle a également beaucoup à perdre à être séparés de l'optronique. Ces technologies, très spécifiques, ne sont utilisées à grande échelle que grâce à leur intégration dans des équipements optroniques. Pour utiliser le même exemple, 22 588 systèmes Félin ont été commandés par l'armée de Terre. Cela représente une charge de travail vitale pour les équipes spécialisées sur la navigation inertielle.
Les autres utilisations, pour l'aéronautique ou les sous-marins, représentent des volumes beaucoup plus faibles. Mais la navigation inertielle est une activité stratégique, qui sera maintenue par les pouvoirs publics indépendamment du marché. Gérard Mardiné est certain que "le maintien des compétences coûtera plus cher".
Le responsable de la CFE-CGC affirme qu'il n'est pas opposé aux rapprochements. Mais "il faut étudier différents schémas, prendre en compte les logiques industrielles". Il considère que l'accord en négociation actuellement n'est étudié que sous les angles capitalistiques et financiers. "On va se retrouver à organiser des manifestations pour défendre le bon sens industriel. On en est là."
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